Redy Casarsa est né en 1942 à Udine, dans le nord-est de l'Italie, où il s'est établi depuis 1991, après avoir vécu une trentaine d'années en Belgique. La passion de ce fils de peintre-décorateur pour le dessin et la peinture se sont révélés très tôt : en effet, dans ses rétrospectives, on retrouve des aquarelles datant de 1958 et, en 1959, ses talents étaient déjà remarqués par la presse régionale : l'artiste avait alors 17 ans.

Casarsa fréquente l'Ecole des Arts "Giovanni da Udine", sous l'égide des maîtres Basaldella et Caucigh, et se voit décerner une médaille d'or par sa ville. Il a à peine 19 ans lorsqu'il remporte le premier prix d'un concours de design pour une industrie verrière belge.

C'est alors qu'il quitte son Frioul natal pour se fixer sur notre sol hainuyer. Ce qui ne l'empêche nullement de continuer à se distinguer dans son pays puisqu'il remporte notamment le premier prix du Concours international "ex tempore" à Rigolato, dans les Dolomites, en 1967.

Tout au long d'un parcours sans faute de plus de quarante années d'expositions, le peintre a fait plusieurs escales à Mons où il a enchanté à plusieurs reprises les cimaises de la Galerie 7, et plus anciennement celles de la Galerie Lucidel.

Lorsqu'il installe son atelier à la Cité Pourpre à Momignies, l'artiste présente une exposition permanente intitulée "Festival du Dessin". C'est en effet surtout par le dessin qu'il attire d'abord l'attention du public belge ; un graphisme qualifié d'expressionniste, révélant une personnalité "tempétueuse" ; la presse de l'époque le place dans une "période tragique" et le journaliste Jean Borzée évoque "un monde de souffrance, de menaces et de peur", dont même la Grande Faucheuse n'est pas absente.

Nous sommes loin de ces considérations aujourd'hui, à la lumière des œuvres que l'artiste se plaît à accrocher aux cimaises, lesquelles révèlent un sens inné de la composition et une parfaite maîtrise de la couleur. Les paysages de neige respirent la quiétude et les ambiances méditerranéennes, provençales ou africaines inspirées de ses nombreux voyages sont emplies de chaleur.

A l'instar du grand peintre et sculpteur belge Jean-Michel Folon disparu quelques jours à peine avant son exposition à Mons, Casarsa ne se revendique d'aucune école. Et si l'on osait s'aventurer à une autre comparaison avec le célébrissime papa de l'homme volant, on avancerait avant tout le goût de l'épure. Les tableaux de Casarsa sont en effet racontés en peu d'éléments, et c'est probablement ce qui leur donne toute leur force. 

Le mot qui vient à l'esprit au premier regard, c'est la "maîtrise". C'est bien la maîtrise qui fait le maître. Car avant même d'être un grand peintre, Casarsa sait dessiner : il suffit de voir avec quelle assurance son crayon ou sa plume ou encore son pinceau prennent leur envol pour concrétiser, en quelque traits qui virevoltent et s'entrecroisent, une scène animée de personnages multiples.

Tout devenir est dans le mouvement, disait Paul Klee. Le mouvement naît ici de cette aisance acquise au fil d'une riche expérience qui autorise la spontanéité et la rapidité d'exécution. Plus discrètement peut-être, il transparaît aussi dans certaines peintures à l'apparence immobile, au travers notamment de ces champs de lavande qui se déroulent à l'infini vers une inaccessible montagne évanouie dans une brume de chaleur, conférant à ces paysages une profondeur impressionnante.

A l'infinité de l'espace, fait écho l'infinité du temps qui semble arrêté dans des sujets figés comme celui d'un marais où toute forme de vie demeure résolument cachée, ou celui de ces trois madriers plantés dans une mer turquoise à peine ridée, lesquels, semblant lassés de leur verticalité immémoriale, ont fini par échouer front contre front pour se chuchoter leur complainte éperdue.

A priori, l'humain semble rayé de l'univers de Casarsa ; à peine est-il suggéré par la présence d'une habitation, d'une barque, de cultures ou de piquets de clôture. Il faut descendre plus au sud, dans les plaines arides du Maghreb, pour en apercevoir la silhouette se profilant sur quelque mur ocré ou rutilant, mais l'ombre n'est guère moins fantomatique que le sujet lui-même ; qu'il soit dicté par le souci de ne pas se brûler la peau ou par la croyance, l'habillement ne laisse entrevoir ici qu'une énigmatique paire d'yeux qui vous fixe jusqu'au tréfonds de vous-mêmes.

Avec plus de nonante expositions personnelles et les collectives qui se comptent par centaines (Bruxelles, Liège, Charleroi, Mons, Genève, Trieste, Udine, etc.), avec une multitude d'œuvres appartenant à des collections publiques et privées en Australie, Autriche, Belgique, Croatie, France, Italie, République du Congo, Suisse, USA, etc., Casarsa arbore un parcours qui le classe dans les incontournables.